Présentation

Création du programme et évolution des activités

Bientôt 15 ans ! Depuis plus d’une décennie, le programme Grisélidis remplit sa mission:
promouvoir la santé dans le milieu de la prostitution, approcher le travail du sexe
en tant que réalité sociale, mener des actions de prévention, et défendre et soutenir
les travailleur.euse.s du sexe dans le canton de Fribourg.

Les débuts: 8 mars 2007

Le projet Grisélidis a été mis sur pied par un groupe de femmes fribourgeoises pour pallier
à l’absence flagrante de structure spécifique s’adressant aux professionnel.les du sexe
dans le canton. Le projet démarre donc directement auprès des travailleur.euse.s du sexe
travaillant dans la rue, à la Grand-Fontaine à Fribourg. La présence d’un bus,
lieu d’accueil et de discussion, a été un premier pas important dans la proximité avec
les travailleur.euse.s du sexe et a toujours été maintenu, au rythme d’une présence
par semaine, dès la première année. Les permanences sociales dans les locaux de l’association ont, quant à elles, débuté tout gentiment quelque temps plus tard. Riche de ces expériences, l'équipe a encore pu élargir ses prestations et une intervention auprès des personnes toxicodépendantes a été mise sur pied au Tremplin pour sensibiliser cette population aux questions en lien avec la sexualité affective et reproductive.

Le bus
De 2007 à 2022, les prestations offertes ne cessent de s’élargir et de prendre des formes nouvelles. Pendant toutes ces années, le bus, intemporel, assure une présence les jeudis soir à la Grand-Fontaine, pendant les horaires de travail des travailleur.euse.s du sexe, ce qui permet un travail de proximité et une grande accessibilité à notre structure. Les travailleur.euse.s du sexe sont accueillies et reçoivent une collation sucrée ou salée, concoctée par les congrégations religieuses du canton, des confiseries ou le Collectif de la Grève Féministe.
Des informations sur notre projet, leurs droits, les structures sanitaires et légales du canton,
le VIH et les IST, les conditions de travail et les risques liés à la pratique professionnelle
leur sont également fournies; ainsi que du matériel de prévention gratuit.
Des thèmes mensuels de prévention, choisis par l’équipe des intervenantes, sont
présentés dans le bus et abordent notamment les contraceptifs d’urgence, le test VIH,
la pose du préservatif, la violence, la traite des femmes…

Au-delà de cela, le bus est aussi, tout simplement, un lieu de rencontre et de discussion
informelle: on parle d’amour, des enfants, de la famille, des relations, des clients, etc…
Les éclats de rire sont fréquents et l’ambiance détendue!
→ Bus


Permanences - de la Grand-Fontaine à Pérolles
Nous avons aussi décidé d’instaurer deux permanences sociales par semaine, prestations
encore proposées hebdomadairement dans nos locaux. Dans les premières années,
certaines permanences se faisaient directement à la Grand-Fontaine afin de cultiver
une plus grande proximité avec les personnes travaillant dans la rue. Elle permettait également
une immersion dans leur univers et un effacement des barrières entre les différents groupes
concernés.
Ces permanences se font désormais toutes dans nos locaux sur le Boulevard de Pérolles,
pour des raisons pratiques. Cependant, nous n’avons cessé d’adapter notre offre et nos
capacités pour répondre de manière optimale et personnalisée aux questions des
travailleur.euse.s du sexe que nous rencontrons. Chaque permanence prend donc la forme
souhaitée par la personne et se calque sur ses besoins et ses questions spécifiques.
De manière générale, les grandes questions tournent autour des démarches administratives,
plus particulièrement autour de l’acquisition d’un statut de séjour ou d’une autorisation
d’exercer une activité lucrative (permis B, annonce des 90 jours).

→ Permanences


Les salons de massage
Les visites dans les salons de massage ont été initiées dès 2008. Spontanément ou sur
rendez-vous téléphoniques, les intervenantes de Grisélidis se rendent dans les salons,
un après-midi par semaine, afin de rencontrer les travailleur.euse.s du sexe de tout le canton.
Avec des titres de séjour de plus en plus précaires, la population des salons devient plus
mobile et change fréquemment de lieu de travail. Cette mobilité complexifie la diffusion
d’informations et le travail de prévention et c’est pour cela qu’il est particulièrement important
d’aller à la rencontre des personnes qui travaillent dans ces salons.
→ Salons


Les rencontres au Seuil
Notre équipe propose aussi une présence au centre d’accueil le Seuil (Tremplin): en effet,
deux de nos intervenantes s’y rendent une fois par mois pour thématiser sans jugement
ni tabou autour des questions de sexualité avec les personnes toxicodépendantes.
Si le travail du sexe peut être un sujet tabou dans le milieu, c’est par le biais des thèmes
concernant la vie affective, sexuelle et reproductive que les discussions et rencontres
se construisent. Les personnes peuvent poser toutes leurs questions ainsi que recevoir
des informations et du matériel de prévention. L’approche se fait dans une perspective
de santé communautaire plaçant la personne comme actrice de sa propre santé sexuelle.
→ Rencontres au Seuil


Changements de lois et élargissement des connaissances
En 2011, une loi cantonale sur l’exercice de la prostitution entre en vigueur. Grisélidis doit
s’adapter aux nouvelles questions que cela soulève et ajuster ses pratiques aux changements
imposés par la loi, adoptée par le Grand Conseil en mars 2010. Les informations sur
l’obligation d’annonce et l’autorisation nécessaire pour la tenue d’un salon de massage
sont diffusées afin de préparer les travailleur.euse.s du sexe aux nouvelles directives.
Avec l’entrée en vigueur de la loi, le visage de la prostitution de rue se modifie considérablement.
Les professionnelles du sexe clandestines quittent ces lieux et font place aux travailleur.euse.s
du sexe européennes, obligeant les collaboratrices de Grisélidis à développer leurs
connaissances sur les accords de libre circulation et à réajuster leurs interventions en fonction
de nouveaux besoins (statut de séjour, assurances sociales…).

Aujourd’hui, après 14 ans d’existence, le programme Grisélidis a montré sa légitimité
et s’est imposé comme partenaire incontournable dans le domaine de la prostitution.

La fréquentation élevée de nos activités prouve le bien-fondé de nos actions puisqu’en
moyenne nous enregistrons 2'110 contacts par année. Seul bémol, une stabilité financière
encore à pérenniser, malgré le soutien précieux de la Direction de la sécurité et de la justice,
de la Loterie Romande, de l’Office fédéral de la Santé et de l’Aide Suisse contre le Sida
et de la Fondation Arcanum.